A l’aéroport de Blagnac, le trafic aérien a subi une violente baisse : 4 vols commerciaux journaliers, sauf erreur. Or, plus d’avions que cela passent au-dessus de mon jardin, dont des appareils d’Airbus, notamment des Bélougas… Quelle est la raison de ce mystère ?
Il est vrai que la crise semble moins frapper la société Airbus que son concurrent Boeing. A savoir ! Les dernières décisions du comité exécutif ont retiré la proposition de dividende tandis que le titre Airbus a chuté de plus de 50°/° en accusant l’un des plus forts replis du CAC 40. On sait par ailleurs que certaines Cies dites « low cost » seraient menacées dans leur existence, tandis qu’Air-France se trouverait en telles difficultés que l’on entend des membres du gouvernement évoquer l’idée de « nationalisation », terme jusque-là considéré comme obscène en politiquement correct.
Est-ce à dire que l’aéronautique entrerait dans une phase critique profonde et durable ? La ville de Toulouse, capitale de l’aviation depuis que l’Aéropostale entama la folle aventure du rêve de vol enfin réalisé où, selon les mots de Saint-Exupéry : « L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle », risquerait d’être frappée aussi fort que le fut ,après la crise de l’industrie automobile, la ville de Détroit aux Etats-Unis ?
Celle-ci a pu voir sa population diminuée par 3 dans une cité devenue friche industrielle avec immeubles désaffectés, délinquance et pauvreté. Drôle de perspective ! La Dépêche estimait récemment à 10 000 suppressions d’emplois les conséquences de la crise prévisibles chez Airbus. Selon d’autres sources puisant à quelque indiscrétion de la direction, des milliers de licenciements seraient à craindre. Avec les répercutions sur la sous-traitance, on devrait vivre une déflagration qui se répercuterait sur toute l’activité de la ville.
Or, tout semble se passer – et tout semble être conté – comme si rien ne devait éclater. « Airbus entend assurer la continuité de ses activités, même en cas de crise prolongée, en maintenant la production, en gérant son carnet de commandes résiliant, en soutenant ses clients et en garantissant la flexibilité financière de ses opérations », a précisé le groupe. Cela me rappelle chez Michelin à Clermont-Ferrand où je vécus : « Tout va très bien, Madame la marquise, à part peut-être, une bêtise… ».
C’est déjà l’hécatombe chez tous les sous-traitants de second et troisième rang, et bien des économistes soulignent que le transport de masse en avion est condamné par la transition écologique nécessaire à la protection de l’environnement. Alors, prétendre continuer ainsi, s’agit-il de la méthode Coué où l’on répète que tout va bien dans l’espoir qu’un tel vœu va se réaliser ?
On peut soupçonner les responsables d’Airbus de préparer un coup dans l’ombre. Si aucune décision importante ne devrait être annoncée avant l’été, le quotidien britannique The Telegraph, écrit que l’avionneur européen s’apprête à supprimer jusqu’à 10% de ses effectifs.
D’autant plus intéressante est la conviction d’un responsable du syndicat CGT d’Airbus : Xavier Petrachi, assurant que c’est évitable à condition de substituer aux plans actuels un changement de modèle économique. Lui ne souhaite pas « aboyer avec les loups ». On pourrait faire tout à fait autrement, soit diversifier les activités en usant différemment des moyens sous-utilisés. Projets d’éoliens flottants, d’engins plus légers et moins consommateurs, de matériel d’imagerie médicale, avec en regard le démantèlement de vieux avions, etc., tant de choses réalisables à condition qu’industriels et politiques le projettent avec les représentants du personnel, ce qui n’est pas le cas, le plan d’aide de Lemaire n’envisageant pas de changer la façon de conduire l’économie.
Pour le sourire, il y a plus d’un demi-siècle à l’école primaire, on jouait à avoir le papa le plus fort. Le gagnant était celui dont le père était – ou prétendu être – aviateur à la base aérienne militaire de Francazal. Un proche parent qui touche chez Airbus le triple du salaire d’un professeur, considère avoir réussi sa vie au mieux. Au Saint des saints de l’industrie, on a troqué l’uniforme à galons contre la chemisette avec pantalon et chaussures noires, tenue de rigueur en tout empire industriel qui se respecte. Se souvient-on aujourd’hui que, afin de durer, l’empire romain dut se métisser de Gaulois portant braies et grandes moustaches ?