Peu d’ouvrages méritent à mon sens le premier terme de la dite « littérature-jeunesse ». En voici un dont le second terme de ce mot-valise ne peut en tout cas pas être contesté. Car il est rédigé d’après le travail de groupes d’élèves d’une classe de 5è au collège Kervihan de Fouesnant (Finistère). Après un premier tome de son seul fait (Maëlys et ceux des caravanes), l’ami Antoine Blocier, lui-même auteur de polars – disons sociaux – a réussi pour ce deuxième de la série à « piocher dans l’imagination des élèves », sans négliger qu’ « il faut surtout qu’ils valident ce que l’on en a fait. » C’est un bonheur de lire des indications recherchées – et trouvées – par les enfants sur la condition des Bangladais, laquelle ne vaut guère mieux que celle des Roms, ni chez nous, ni chez eux, ce qui récuse évidemment la validité de leur renvoi… Où l’on voit que perdure toujours la xénophobie, notion datant des Grecs anciens et signifiant le rejet de l’étranger (ainsi qu’il est expliqué) : « On les montrait du doigt, prétextant qu’à cause d’eux des familles entières risquaient de perdre leur travail et n’avoir plus rien à manger. » Quant au ressort du scénario, il met en scène des enfants, dont évidemment la jeune Maëlys et ses copains, avec désir et courage d’agir seuls, et quand même avec des réflexions humanistes… d’adultes qu’ils sont en devenir. L’affaire se corse d’une aventure de jeu d’échecs, à la fois moyen de reconnaissance d’un petit étranger et occasion de suspense, ainsi que d’une lutte contre la reconduite dans l’avion du petit héros étranger. De quoi faire se passionner les jeunes scénaristes de cette histoire et aussi, espérons-le, les jeunes lecteurs de ce livre. Car la lecture, sur livre ou tablette, est des biens les plus précieux à préserver ou conquérir chez nos jeunes.