À la fin de cette année terrible, où en est-on dans les hôpitaux de Toulouse ? Selon des infirmières, ce ne fut pas le tsunami prédit à la 1ère vague. Quant à la deuxième, elle ne ressemble pas aux prévisions officielles car elle est composée de moins de malades mais en état plus lourd. Une distorsion de plus entre les informations diffusées nationalement et la situation vécue de l’intérieur.
Le site historique de Purpan, situé place du Docteur Baylac, jouit d’un nom choisi en mémoire des frères Purpan qui se sont installés à Toulouse en 1608 et dont nous allons reparler. Construit au début du XXe siècle, il le fut comme un hôpital modèle, à pavillons espacés pour une ventilation et des espaces verts, avec un système de couloirs souterrains où le personnel médical ou infirmier serait continuellement à l’abri des intempéries grâce à un petit chemin de fer électrique dans des couloirs souterrains.
Depuis sa mise en fonction après la Grande guerre où il avait été gratuitement mis à disposition du Service de Santé, ce tableau idyllique dut évidemment être aménagé et complété. L’Hôpital Purpan regroupe aussi l’hôpital Pierre-Paul Riquet, l’Hôpital des Enfants et l’Hôpital Paule de Viguier, bénéficiant de matériels médicaux de dernière génération, d’un service d’accueil des urgences, d’un pôle de recherche, etc.
On se doute qu’il abrite également un centre de prélèvement COVID-19, gratuit et ouvert tous les jours. Les nombreux services ont été réorganisés pour faire face aux éventuelles vagues de malades de la pandémie. D’après Patricia Calmette de la CGT, le surmenage des personnels accuse le manque de moyens car, loin de tirer leçon du début de l’année, les dirigeants en profitent pour accélérer la restructuration des hôpitaux. Ce personnel est épuisé, démoralisé et démotivé : « plus de patients et les mêmes moyens déjà en baisse depuis la fin du siècle dernier ».
Pas étonnant, si je comprends bien, que la nation panique à l’idée d’une autre vague possible après un dé-confinement, d’autant que se dessine un absentéisme des soignants. Si je réfléchis bien encore, ce n’est pas tant de la pandémie que nous pâtissons mais plutôt d’une incapacité – ou même d’une trahison – à la soigner, lesquelles sont organisées par le pouvoir décisionnaire.
C’est ce que confirme le fameux Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France : « On paralyse le pays parce qu’il manque de la place dans les hôpitaux », a-t-il déploré tandis que le Dr. Christophe Prudhomme, medecin au SAMU 93, dénonce le fait d’« accélérer leur projet de restructuration de l’offre hospitalière » et la « fermeture systématique de près d’un tiers des lits » ; il s’agirait en fait « de profiter de la crise pour accélérer la casse de l’hôpital public ». Tout ceci étant évidemment accompli sous l’empire du dogme de la nécessité économique.
Le 1er ministre confirme. Libre accès au commerce dans les grandes surfaces où se côtoient journellement des millions de gens, tandis que restent fermés les lieux de spectacle. Les arts et la culture à terre, rien sur un grand plan de développement des hôpitaux. « La santé est d’un plus grand prix que les richesses d’un malade ; et il n’y a personne qui ne préfère la santé d’un homme dans la médiocrité, aux richesses d’un roi accablé de maladies. » Platon écrivait cela il y a 2500 ans !
Souhaitons que l’avenir ne lui donne pas trop raison dans une crise économique aggravée par le retour de boomerang d’un déficient état sanitaire et culturel. On frémit quand même à l’idée du monde kafkaïen qu’on nous impose.
Pour le sourire, au XVIIe siècle le célèbre Pierre-Paul RIQUET dont on donna le nom à l’hôpital adjacent à Purpan, résista à deux épidémies de peste à Toulouse. La construction de son Canal du Midi continua pendant la deuxième… Il eut pourtant le paludisme ou « fièvre tierce et fièvre quarte » contractées dans les marais languedociens et dont il souffrit malgré le quinquina préconisé justement par le Dr. Purpan et qui fut – hélas – mis à l’index par les docteurs de l’époque !
Simple remarque subsidiaire, cette « médecine », comme on disait, n’était autre que la future Nivaquine, très utilisée encore de nos jours contre ce « palu » et que le Pr. Raoult préconise contre le covid.
Rendons grâce aux médecins contemporains, ils reconnaissent leur impuissance face au virus. Pas de doute, on est loin du « philosophe roi », comme le souhaitait encore Platon.