Je ne connaissais pas cette auteure suisse, valaisanne, de langue française, qui bourlingua un peu et obtint la bourse Goncourt de la nouvelle en 1947. Sa bibliographie impressionne et rend un peu honteux de ne pas la connaître. Et ce recueil qui me la fait découvrir est vraiment prenant. Elle y évoque des aventures et personnages teintés des couleurs des Alpes centrales, la montagne où cela se déroule toujours. On lit les noms de bêtes et plantes étranges et à la fois les émotions humaines, surtout féminines mais pas seulement. Point d‘âge d’or de tragédies paysannes et de sombres vertus oubliées. Il y a des jeeps sur les sentiers de ce pays, des usines dans les vallées, des ouvriers italiens dans les villages qui ont faim d’amour... et des jeunes femmes aussi ! Les héros vivent et pensent particulièrement, comme aériens et près de la nature, et en même temps chargés de poids humains, si humains. C’est en fait l’écriture qui prend et emporte, comme si elle nous parlait une langue étrangère et à la fois intime. La jeune femme mariée qui s’adonne à un plaisir extra-conjugal, cela pourrait être d’un banal ! Et c’est presque un conte de fées : «Une sorte de néant, avec juste autour de nos corps un rameau, une fougère, une liane. Contre l’écorce devaient s’aplatir les sitelles […] tout devenait d’un vers plus noir. » À lire, vraiment.