Une nouvelle saison va commencer au Parc Toulousain puisque à compter du 9 juin : « Les lieux de culture et les établissements sportifs pourront accueillir jusqu’à 5 000 personnes avec le pass sanitaire. »
Notons que depuis longtemps les citoyens n’avaient pas été assujettis à la fourniture d’un ausweis pour se rendre en un lieu public. On se perdrait aussi en conjectures sur le caractère constitutionnel ou pas de discriminer une partie de la population, fût-ce sous un prétexte sanitaire. Contentons nous de réfléchir sur les conséquences de la situation dans les îles dites du Ramier.
L’ensemble situé sur des îles entre les bras de la Garonne fut jadis l’objet d’un grand projet de centre vert de loisirs et de sports, repris récemment par la municipalité et que j’ai évoqué il y a peu. Actuellement fonctionnent des activités de plein air encadrées par des associations, comme l’aviron et le tennis avec l’Émulation Nautique et le Rowing-Club. Mais si l’endroit est resté un site de promenade où les familles purent il y a peu se rendre à nouveau les dimanches, la piscine municipale et le Stadium, entourés de pas mal d’installations sportives, restaient interdits au public.
J’ai évoqué le vaste projet de récupération et installation d’un Parc Garonne : faire de l’île du Ramier un poumon vert de Toulouse et un espace de détente. Il est clair que la situation n’était guère favorable à l’avancée du projet global avec ses parties de construction de passerelles. Souhaitons qu’il en soit bientôt autrement.
S’agissant du ramier, de l’occitan ramièr (bois au bord d’un fleuve) on l’atteint par le pont Saint-Michel qui donne accès du nord au sud, aux îles et îlots.
À l’entrée du premier îlot s’ouvre une série de gradins de dalles et gazon descendant vers un bras du fleuve. Cet espace de plein air, destiné à un usage encore flou, fut aménagé en lieu et place du RAMIER, dancing célèbre et très fréquenté. Dans l’établissement disparu les couples se serraient sur la piste, alors que les gradins de rencontre actuels laissent au moins le loisir de garder les distances avec les inconnus !
Différent est le cas de la piscine municipale. Construite au début des années trente, elle a quelque chose d’une réalisation « front populaire » à mission pédagogique et ludique pour le grand public. Avec le plus grand bassin extérieur de France, c’est une sorte de plage populaire très fréquentée en été tandis que l’hiver deux bassins permettent l’apprentissage de la nage, notamment aux écoliers. L’ensemble ne pourra ouvrir qu’à partir du 22 juin et sur réservation, au même titre que les autres piscines toulousaines.
Pour le sourire, j’aime à conter comment elle fut baptisée Alfred Nakache. C’est l’histoire de l’ascension sportive d’un gamin qui portait ces nom et prénom. D’origine juive en Afrique du Nord, il apprit à nager dans un bassin au fond des gorges du Rhummel à Constantine (Algérie). Plus tard il participa aux fameux jeux olympiques de Berlin, puis devint champion du monde de natation. Raflé sous Vichy à Toulouse avec sa famille, il connut Drancy puis le camp d’extermination. Alors qu’on ne savait pas encore si ce déporté en reviendrait, le nouveau maire Raymond Badiou, issu de la Résistance, soutint l’idée de baptiser la piscine municipale du nom d’Alfred Nakache ; la proposition émanait du conseiller municipal communiste Jean Weidknnet (futur grand-père de mes filles).
Mais c’est au Stadium que les limitations de jauge vont se faire le plus sentir. Limitée à 5 000 spectateurs, l’assistance devra s’égosiller pour encourager l’équipe locale. Ce Stadium de Toulouse, précédemment appelé Stadium municipal, est la plus grande enceinte sportive de la ville (plus de 33 000 places assises). Jusqu’à sa rénovation en 1998, il était surnommé le « petit Wembley ».
Car y joue entre autres le Stade toulousain qui dispose aussi de son propre stade au nord de la ville, pépinière de jeunes rugbymen, traditionnel champion de rugby (à 15 s’entend depuis que le rugby à 13 fut interdit sous Vichy lors d’une étrange histoire qui reste à conter).
Avouons que des toulousains qui se déplacent en masse pour assister au Stadium à des matches enfin publics, grâce aux navettes spéciales qui relient le stade au métro les jours dits, il en est aussi pour y goûter d’autres spectacles sportifs, dont le populaire et populiste football. Il reste que, selon Henri Rozès : «Au royaume du Pastel, le rugby est Dieu.»