Contraint à l’évidence que le futur est aujourd’hui plus préoccupant que le passé, j’ai acquis et lu ce roman avec son pendant chez le même éditeur : Nous étions trop nombreux. C’est dans une immersion en 2100, puis en 2200 que nous entraînent ces livres. Et le voyage est passionnant mais terrible. Écrit en second, le premier par ordre chronologique brosse le tableau du monde au début du XXIIè siècle. Ce conformément aux sérieuses prévisions actuelles, ce qui le rend d’autant plus angoissant : « Les déchets submergeant les côtes et les vagues toujours plus meurtrières », « paysages meurtris par les canicules en périodes sèches ou par les inondations en saison pluvieuse. » Les multiples aventures vécues par les personnages sont parfois rocambolesques, quoique plausibles, dans un pays ravagé et une humanité sinistrée, sortes de road moovies sur les chemins d’une Occitanie. L’autrice semble bien aimer cette région et d’autant souffrir qu’elle soit promise à un tel avenir. Fasciné par ces aventures et surtout par le réalisme du récit, je fus cependant stupéfait de certains passages d’une sauvagerie que j’espère propre à conjurer le destin. Difficile de retracer le cheminement multiple et rebondissant où nous entraîne la jeune romancière, à la manière d’une professionnelle chevronnée. On en sort rincé comme après un orage violent, convaincu de tenter de résister comme font tout de même certains des personnages. Un petit regret : il y a tant de protagonistes qui passent, que l’on s’y perd un peu. On pourrait désirer une adaptation en scénario de film, voire de série, qui mettent ces personnages un peu plus en chair… et en amour. Car on s’aime très peu, désespérément trop peu en ce monde futur.