Journaliste de profession et néanmoins poète (un paradoxe en France ?) l’ami Majid a publié des deux côtés du « Grand-fleuve », chassé de chez lui par la folie meurtrière fanatique et désormais « attentif » comme notre fleuve sur les bords duquel il vit maintenant. Spécialiste de la poésie algérienne en langue française, il a obtenu le prix Sernet en 1995. Correspondant d’Algérie News, il est également producteur d’une émission littéraire où il reçoit des auteurs : « Oxymore » à la radio Canal sud (le jeudi de 15h30 à 17h ; 92.2 à Toulouse). Il vient de publier aussi un Retour à Alger(La Louve), et me servit de mentor pour un de mes propres retours à la ville blanche. Autant mobile que volubile, forgé par la vie et la culture, l’homme manie le lyrisme comme le didactisme. Il sait écrire parcimonieusement sa poésie d’où cependant la quatrième dimension, l’histoire, n’est jamais absente. Ce recueil, qui reçut l’aide du Centre National des Lettres, est celui de l’entrée dans l’exil. Comment rester froid aux mots tranchés dans le vif ?
« Et, abruptement/tu as changé/de pays/de femme/et d’enfants./Vraiment ? »
« Peux-tu prouver/aux professionnels du Makache, comme disait Rimbaud./Les vigiles des frontières/aux lointains ancêtres/qui eurent affaire à Ibn Batouta/A Rimbaud/à Essenine/à Yacine/De quelle patrie tiens-tu ton destin/Dans un passeport/Aussi vert que le printemps/qui vire à présent au noir. »