Jean-Jacques pratique, selon un hommage de la revue 813, « un sport de combat ». S’agissant de l’édition. On pourrait en dire autant de l’écriture où lui et ses pareils non chéris des grands médias, doivent faire feu de toute énergie et conviction. Ce polar est réécrit après sa première parution datant tout de même de vingt ans. Pas une ride, même si les affaires évoquées sentent un peu le rétro en chiraquie et renvoient même à des histoires que d’aucuns voudraient oubliées, comme l’affaire Boulin. Un vieil ami de Chirac, industriel député-maire, est assassiné. Se lancent sur l’affaire un flic un peu naze et un journaliste spécial. Belle surprise, cette histoire glauque, si vraie qu’elle en est banale, est rehaussée par le talent d’un auteur ne cherchant pas un style convenu mais ne reculant pas devant la poésie. Non pas celle des fleurettes, mais la forte, celle héritée de sa propre expérience de poète : « Bloc trapu aux lignes brisées dont les deux flèches perçaient avec une majesté séculaire la purée sombre et écaillée des nuages. » Quelques plans de cinéma : « Le rétroviseur fendillé renvoyait l’image dédoublée de la rue de la Résistance », quelques pointes d’humour : « Un assassin qui inaugurait une ère nouvelle de l’histoire du crime : celle du travail en miettes. »
Un songe surréaliste : « Il entendait des rires et levait la tête. Iparategui et Carval étaient penchés au-dessus du mur et, comme au jardin d’acclimatation, ils lui jetaient des croûtons de pain à la figure ». Voici un livre d’écrivain. Souhaitons lui bonne chance, à lui, à son auteur, et à sa maison d’édition, valeureuse non seulement par son procès contre l’opus dei, mais par la qualité de ses productions, dont la récente collection Bel horizon, dirigée par Yasmina Khadra.