J’ai découvert cette poétesse syrienne* grâce au blog de Michel Baglin (« Texture »). J’ai acquis aussitôt un recueil, celui-ci où j’ai trouvé de quoi combler mes attentes, sensualité, partage, sincérité, amours ; dont des amours homosexuelles : « Devant elle / je me prosterne / amoureuse éprise », aussi hétérosexuelles : « je te donne un ventre doux / qui souffre / conçoit / enfante / » soient des amours tout court. Pas de retenue dans la vie ni dans l’écriture : « dans le duvet du ventre / ou sous l’aisselle / pénétrant la mousse veloutée / d’un tendre passage ». Ce qui compte c’est que le poème emporte et apporte, qu’on en reçoive. La poésie comme don et suprême cadeau. L’auteur le résume si fort : « Ma bouche / est chanson d’Ishtar / et contes de Shéhérazade // ma bouche est le gémissement silencieux / d’une plainte // ma bouche / est une fontaine coulant de plaisir / Le cantique / du cœur / et de la chair ». Je laisse poursuivre Michel Baglin : « Éloge du corps dans une langue on ne peut plus sensuelle, ce recueil chante la jouissance et l’art de se dénuder pour mieux se livrer à l’être, à l’autre et à son propre abandon à la poésie du monde : « je me débarrasse de l’inutile / des écorces qui m’alourdissent » écrit Maram. Le corps à corps y est aussi glorification de la féminité (« je me fonds dans toutes les femmes »), des seins, des aisselles, du duvet du ventre et des sexes, de l’amour charnel et de l’âme ardente. Célébration fluide d’un « corps fait de baisers / sculpté de caresses / hâlé de soleil / qui désire / qui embrasse / et jouit ». La poésie y apparaît comme une forme du don : « devant vous je me dénude / doigt / par doigt / ongle par ongle / peau / et puis os / puis poème. » Cette lecture est un beau cadeau.
* Elle est aussi auteure d’une anthologie : Femmes Poètes du monde arabe aux éditions Le Temps des cerises.