Ce recueil, ou plutôt cet ensemble où les textes se suivent comme les escales d’un voyage, a reçu le prix de Poésie 2015 des Gourmets de lettres à l’hôtel d’Assézat de Toulouse. Saint-Paul* donne ici des textes dont l’intériorité renvoie aussi au dehors et à l’Histoire. « L’Indalo est une figure préhistorique […] peinture rupestre de la fin du Néolithique ou Age du cuivre qui représente une figure humaine avec les bras étendus et un arc en ciel sur ses mains. […] symbole de chance […] il était peint en ocre sur les maisons […] » Voici de la poésie dite « libre », à la fois fidèle à l’absence d’interdits d’une beat generation et à une culture enracinée, voire qui n’hésite pas à se ré-enraciner là d’où l’on a oublié venir : l’Andalousie, terre de rencontres et d’essaimage où se nourrirent bien des esprits européens. Sans oublier non plus l’Iliade de la guerre d’Espagne et de Lorca. C’est un bonheur de suivre ces vers courts, tantôt claques tantôt caresses, où la pensée se mêle aux émois. Laissons-le dire : « Vera / ville où culmine le soleil / dans une purulence torride », « Je pense à Lorca / mort près de Grenade / avec un instituteur unijambiste / et deux banderilleros », « Quel ailleurs / monte dans le duende / sous les bâches où transpire le soleil ? », « La nuit est descendue / dans les murs sacrés / où les prières meurent », « Almeria / ta mémoire ivre / depuis des millénaires / raconte les rivages de la mer antique / l’inaltérable désir d’une traversée sans fin » […] Une lecture d’où l’on ressort meilleur. À votre tour ?
*L’ami Christian est aussi réalisateur d’une émission de radio hebdomadaire : « Les Poètes » depuis plus de trente ans sur Radio Occitania (les jeudis à 20h) dont on peut réécouter des séquences sur le lien suivant : http://les-poetes.fr