L’auteur, rencontré au théâtre de Bejaia au cours de mon dernier voyage en Algérie, a quitté Alger (après des études en France) pour retourner au bled, loin de la capitale de l’hexagone et de ses allées du pouvoir médiatique. Un drôle d’oiseau au bel et bon vol original. Voici quelques extraits de la chronique de Nabila Guemghar parue dans La Dépêche de Kabylie.
« A la lisière d’une chronologie historico politique et d’un conte plus fantastique que merveilleux, un Poète raconte la tragédie Algérie ! […] L’incipit du roman plonge le lecteur dans l’allégresse de l’après indépendance, une euphorie de courte durée, car le fleuve est vite détourné. […] L’histoire est celle de ce Poète incarcéré pour avoir refusé de courber l’échine, après s’être un temps égaré. […] L’honneur de la tribu est aussi un principe avec lequel on ne badine pas et c’est Idir qui l’apprendra à ses dépends. Ainsi, refusant de voir se perpétuer une tradition séculaire jugée désuète, Idir, après son séjour en ville décide de « corriger les mentalités attardées ». Jugeant de la nécessité de la libération de la femme par tous les moyens, il décide, pour ce faire, d’embrasser sa voisine, déjà mariée, au vu et au su des villageois. Le code de l’honneur kabyle aura raison de lui […] Dans [le chapitre] : « le nombril de l’aube » R. Oulebsir revisite les événements du Printemps 1980 […] Avril et les siens voulaient « libérer l’horizon avec les clés magiques des ancêtres ». La beauté de l’écriture de R. Oulebsir réside dans ce savant mélange des genres ; des fragments de poésie dé-clamés par le rhapsode admiré, entremêlés de récits prosaïques pour aboutir à une écriture de la déroute […] Poète « témoin d’un monde en décrépitude ». […] L’écriture de R. Oulebsir est exutoire du mal, remède à l’injustice, elle semble être « une pratique de la résistance contre le reflux de l’intelligence, un barrage à la déchéance humaine » […] « Demain, l’éclipse recouvrira pour longtemps vos espoirs. […] Des tourbillons de poussière acides achèveront vos yeux myopes. Vos cerveaux troublés porteront la barbe et le kamis. Vos pieds bots traîneront les babouches du sacrifice. »
Il faut savoir marcher hors des sentiers battus pour lire ce livre. Je vous le souhaite.