Voici un livre qui m’a emballé car il conjugue des qualités rarement réunies : information historique, composition originale, engagement et écriture personnels. On est loin des recettes de best seller ! Le Prix Polar SNCF l’a récompensé à très juste titre à mon sens. Je l’ai relu avec passion pour ce coup de cœur, tant il est plein de sensibilité et en même temps d’enseignements. Dans cette histoire s’entrecroisent comme dans une symphonie un récit majeur et d’autres mineurs. Elle commence de façon à la fois banale et violente, le meurtre d’un père sous les yeux du petit garçon. Et peu à peu, la quête par ce personnage devenu homme éclairera une affaire de règlements de compte qui met en jeu un passé passionnant et passionné, celui de français en Algérie pendant la guerre et au début de l’indépendance, soldats aux destins divers, parfois opposés, tortionnaires et déserteurs, ex-partisans de l’OAS et « Pieds –rouges ». On y apprend (ou confirme), entre autres, que des « Pieds –rouges » participèrent à l’administration et même au pouvoir des premiers temps de l’Algérie indépendante. Et surtout, on suit le trajet d’un homme perdu qui, ayant pour amante (par hasard ?) Nadia, d’origine Maghrébine, va tenter de remonter dans sa mémoire et aussi dans l’imbroglio d’une affaire criminelle et encore dans les arcanes d’un temps de gauchisme militant. Un ancien camarade responsable étant tué tout près du héros en vacances, il va se remémorer et aussi décrypter la vie du dirigeant de l’ex-groupuscule fasciné par le communisme chinois de même que par des méthodes clandestines : « il se souvenait d’une des règles apprises à l’OCP : changer le jour et l’heure en décalant d’une unité, en plus ou en moins. Ne jamais noter le chiffre exact. » Tout ceci écrit avec la douleur humaine, mais aussi avec un certain détachement du dissident et encore avec la beauté de l’amour : « il regarda un moment le grain délicat de sa peau, à l’intérieur de ses cuisses, mis en valeur par la lumière rasante, puis il s’avança pour l’embrasser. Il n’avait pas envie de faire l’amour, juste envie de l’adorer. »
Catégorie : Coups de coeur et lectures (Page 9 of 18)
Munro couronnée du prix Nobel de littérature, j’ai pensé aussitôt à Szymborska, la poétesse polonaise, ou même à Claude Simon, l’auteur de nouveau roman de ma jeunesse, pour lesquels les libraires de l’hexagone ont soudain cherché fébrilement à s’approvisionner… Voici un livre d’écrivain, sensible et cultivée, brossant un tableau du monde et des gens et relatant leurs joies et douleurs, plus que ses propres états d’âme. Livre de femme, aussi, tellement proche de ses protagonistes féminines qu’on se demande si elle n’est pas douée d’une capacité à revivre en elles. Il faut se laisser aller dans cette société canadienne si opaque au premier abord, où l’on entre peu à peu en suivant les trajets, parfois tragiques, quelquefois rocambolesques, toujours violents sous des dehors policés. Les lecteurs ne pourront résister à la sympathie envers ces femmes parfois méprisées, souvent malmenées, toujours mal reconnues, qui pourtant font une vie. La note : « Avoir des enfants vous changeait » ne dit surtout pas si c’est en bien… d’autant qu’elle ajoute : « Le travail, le mariage, ne faisaient pas tout à fait la même chose : ils vous faisaient seulement agir comme si vous aviez oublié certaines choses. » J’avoue que l’homme que je suis est bousculé, atterré même, par les scènes de sexe. À la fois pudiques et très évocatrices, elles disent en général des femmes qui ne prennent pas de plaisir, voire sont violentées, passives pour complaire à l’homme : « tout accepter avec cette faculté secrète, encore et encore. » C’est parfois en limite du supportable pour qui ne passionne guère le masochisme : « les halètements, les grognements, les brimades de maître Stephens, le sifflement de mépris avec lequel il commandait à Mauren de faire ceci ou cela, la façon dont il la pilonnait tout à la fin […] qui témoignaient tout de même avec éloquence, tels des bruits de cabinets, du point extrême où il en était arrivé. » Que cela ne rebute pas ceux qui croient en l’amour. Car la langue est parfois évocatrice d’espoir, nous emportant dans des histoires enivrantes, des aventures parfois confondantes, toujours humaines : « Milicent les vit, lui et Dorie, juchés très haut, sur des éléphants […] « Il vous emmènera partout. Il fera de vous une reine ! ». Un beau petit livre d’une grande auteure.
Peu enclin à me passionner pour des livres traduits (les éditeurs gagnent plus sur les traductions qu’ils préfèrent à l’édition d’auteurs français), je me suis laissé tenter par ce roman encensé par Elle il y a une dizaine d’années. L’histoire est banale, un homme qui retourne à son amour de jeunesse, écrite assez platement si la traduction est bonne. Mais elle est traitée avec finesse, sans machisme, avec respect et même culte de la femme énigme pour l’homme. L’obsession qui étreint le héros revêt même parfois une dimension tragique. Pourtant, je suis sidéré qu’on ne rencontre pas la condition des femmes – ou même des hommes – du japon. Il y a bien l’évocation du milieu des affaires, plus ou moins louches comme partout, en la personne du beau-père. Mais nulle indication de décor ou à plus forte raison de culture. Pas de géographie ni d’histoire ! L’aventure eût pu se passer aussi bien en Europe, et pourquoi pas à Paris, dans le quartier de la revue féminine qui déclara : « L’heure est enfin venue de porter l’auteur en triomphe » ? Bizarre, sachant ce que je crois savoir du Japon où l’économie galopait sans doute mais où les employées se prosternent toujours devant le patron ! on dit la culture occidentale prisée chez eux, mais quand même, les références musicales ne renvoient qu’au jazz ou au classique : « Il s’agit de Roméo et Juliette, en fait. Ellington et Strayhorn avaient composé cette musique pour le festival Shakespeare de l’Ontario. » Il est vrai qu’il s’agit ici de classes supérieures, aisées et oisives. Ceci dit, je n’ai pu refermer le livre avant la fin, tant est tendu le récit, entre petits événements et grands états d’âme, ceux d’un homme entre deux âges, déchiré entre son foyer et ses rêves, fantasmant dans une passion étrange et généreuse pour une fille boiteuse et peu jolie de son enfance. Je vous en conseille quand même la lecture pour quelques jolies notes : « Deux corbeaux […] jetaient un cri dur et perçant pareil à un reproche dont l’écho se répandait comme un frisson glacé » et aussi pour la fascination de l’érotisme féminin libéré : « Elle prit alors mon sexe dans sa main gauche et se mit à le lécher. Ensuite elle glissa son autre main sous sa jupe. » Enfin pour l’humanité et la sensibilité du héros : « Pourtant, depuis que Shimamoto-San avait disparu, j’avais l’impression de vivre sur la lune, privé d’oxygène. »
Rencontré au salon de La Ferté sous Jouarre, Patrick m’apparut vite en aventurier vrai, de ceux qui ont du cœur. L’homme fut bien en place dans l’édition où, sauf erreur, il découvrit rien moins que Raynal, Pouy, Jonquet… fondant à ce qu’on dit le « néo-polar ». Il fut également scénariste et auteur. Mais il tranche dans le milieu prévisible de l’édition. Ni tâcheron commercial, ni courtisan campant au quartier latin. Emule et héritier de Guy Debord, si j’ai bien compris, il accomplit des virées vers les indiens, tout sauf touristiques*. Car l’homme qui écrit aussi pour la jeunesse a du ventre. Il n’écrit pas pour passer le temps. Pas de sang et de noir à la mode. Des livres courts, coupants, comme des cris. Des livres aussi en hommage, en héritage, à Jonquet, Debord, et autres. En mémoire et défense des indiens, surtout. Même des « indiens » d’ici que sont les SDF. Seule la lie de ces caves, outre l’art du titre, nous emporte dans une histoire banale et hors limites. D’abord un prologue où un gamin est enlevé… Banalité sublimée : « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. » Quand un journaliste cherche un trafic de drogue, il trouve une « femme défaite ». Au lieu de traiter un « papier », il se met à la voir et à l’abreuver. Comme elle est lourde, la vie jouée alors. Et comme elle est épaisse, l’écriture chargée qui la rend : « Montcorbier ne peut s’empêcher de se demander si le policier fatigué est de la race de ceux qui raflent au Vel’d’hiv et jettent en octobre des cadavres dans la Seine. » Je parlais d’un homme de cœur. Il faut dire aussi homme d’écriture. Une patte personnelle, à la fois dessinée et tranchée, pour des tableaux à vif : « Elle boit, et lui cherche à s’insinuer derrière ces yeux qui disent le néant. / Lui qui cherche à comprendre pourquoi il se trouve là. / Elle qui hurle en silence. » Pour finir, le flic clément lui apprendra qu’elle est « femme défaite »… depuis l’enlèvement de son fils. Un beau livre.
* Dont L’Agonie de Geronimo, Jean-Paul Rocher éditeur.
« L’écriture est le seul pays que je connaisse où il fait bon se sentir étranger. » Telle est la formule liminaire de ces textes où l’auteur, née à Lyon, avec des ancêtres en Algérie, vécut son enfance en Bretagne et vit au Canada quand elle ne réside pas en France, en Haïti ou ailleurs. Mais tout en étant étrangère, elle est aussi autochtone du monde, de la nature où elle semble vraiment chez elle parmi la neige, les arbres et les lacs, les outardes et les papillons. Ce livre est un recueil de textes pour la plupart écrits en résidence à Vénissieux début 2014. C’est une sorte de partition composée d’une alliance de courts poèmes dans l’esprit du haïku japonais et de « longs poèmes narratifs épousant la route » et structuré en huit parties introduites par des haïkus de Kerouac à Michaux en passant par Bashô… Je laisse l’écriture à la poétesse Laure et à ses haïkus : « Rougeoyant papillon / Retourne à la feuille / Blotti contre moi / La nuit », « Papillon / Orange sombre / Du soleil » ou extraits de plus longs textes : « Mais ce matin / Ma propre respiration / M’apparaît comme un miracle », « Parfois / De rares fois / Le temps des rêves / Et celui de leur entrée / Dans la matière ne font qu’un ». Thierry Renard, éditeur de ce recueil, lui-même poète est également animateur de l’Espace Pandora qui insuffle depuis Vénissieux sa vitalité poétique à Lyon et en Rhône-Alpes. Dans l’entretien qui clôt cette édition, il assure : « Toi, on a l’impression que cette chose [la nostalgie] elle est devant. Tu n’as pas un poids. On te sent légère. » À lire pour se revigorer et aimer la poésie ainsi qu’elle le mérite.
Montalban, à la saveur sans pareille, cuisine ses livres en Espagne, pas celle des touristes mais la sociale. Il inventa en sus (ou su en hériter) un genre de polar latin « réflexif ». Il fallait le faire, dans un petit monde où l’hégémonie du polar yankee est cultivée même par les anciens « gauchos » ! Parmi la dizaine de livres de lui que j’ai goûtés, celui-ci n’est peut-être pas le plus magistral, mais le plus émouvant. Le dernier publié de son vivant (sauf erreur), il renvoie, comme une boucle à boucler, à Les Mers du sud, un de ses premiers. Pepe Carvalho, est chargé d’un service de renseignements pour un secret réseau européen qui sent le virage à droite très serré. Sa Charo (incarnation de la femme fantasmée : splendeur, prostituée, aimante et disponible mais majeure et indépendante), s’est éloignée. Le voici harcelé consentant par une ancienne amour qui lui envoie de longs et brûlants fax. De quoi se retourner sur le temps et sa résultante, depuis Les Mers du sud où cette Yes l’avait séduit plus de vingt ans auparavant. Où l’on voit que le polar européen n’a rien à envier à l’existentialisme d’un Ellroy, ni même à la littérature dite blanche, prisée au quartier latin. Quant à la peinture de la cité, Barcelone est élevée au rang de décor fétiche, autant que Chicago, N.-Y. ou L.-A…. et même que Paris ! Il existe un circuit des « restaurants de Manuel » dans le « quartier gothique ». Il n’empêche qu’elle est brocardée après les J.O. : « en s’efforçant de faire une relecture de Barcelone, de se réconcilier avec sa décision de devenir une ville pasteurisée en odeur de gambas de toutes les fritures dégorgeant de la métastase de restaurants qui avaient envahi la Ville Olympique […] Toutes les métaphores de la ville étaient devenues inutilisables. » La métaphore et la parabole, sont pourtant mets et crus favoris de ce gros buveur et mangeur, tandis que l’écriture minimale anglo-saxone se fait maigrir en carême. Et que le héros brûle des livres, Henri Lefebvre cette fois, qui « a découvert très tard le rôle du quotidien au regard de l’histoire »… Bien belle histoire d’amour ou de solitude, au locuteur ballotté entre attirance et répulsion pour la Femme, l’Autre… Il n’écrit pas pour passer le temps : « Tes silences mêmes sont langage. Il faut, pour te connaître, connaître l’ensemble de ta vie, et alors on te connaît complètement ; c’est comme un jeu magique dans lequel tu te recomposes avec chacune des pièces […] »
Peu d’éditeurs français se risquent à éditer des nouvelles. Le Temps des cerises a même fait mieux, il a mis « la nouvelle à l’honneur » en publiant des textes courts de contemporains : Patrick Besson, Roger Bordier, etc. et de classiques : Gorki, Desnos… L’éditeur diffuse aussi une toute petite gazette où, à côté d’éloges de la nouvelle, on peut lire une belle historiette de Desnos. L’écriture de Mondoloni me rappelle certaine presse soixante-huitarde, tant elle fleure l’instantané et le sincère. Pour le meilleur, elle croque des instants vrais de notre vie si déboussolée, éperdue parfois : « Sa vie pouvait s’organiser autour de l’esquive […] » Textes courts pour brèves rencontres. Ce qui n’exclut pas la profondeur : « Qui a dit qu’avant d’aimer une femme il faudrait connaître son passé ? ». Ni l’humour, quand le « nègre » d’un homme politique est en délicatesse avec lui : « Je suis devenu le nègre, la bête noire qui lui rappelle qu’il n’est pas l’auteur […] ». Ni même quelque désinvolture dans de brèves fictions expédiées en guise de vœux annuels, telle « Christmas pudding » où le tueur est guidé par « l’odeur lourde du pudding qui colle à la rue, l’odeur de la graisse de rognon, de cognac ou de bière brune qui s’échappe par les fenêtres grandes ouvertes. » Le texte le plus poignant pour un auteur est évidemment Le Nègre et le Blanc. J’ai aimé aussi la nouvelle qui donne son titre au livre : jeteveux.com. Un peu mode peut-être, cette histoire de communication érotique et pornographique par Internet ! Mais justement, quel désarroi, et quelle justesse, à s’apercevoir que dans cette « com » si efficace, croît-on, l’on reste profondément berné ! Sans oublier l’autodérision du nègre qui sait écrire avec « ellipse digne de Flaubert ». Un ouvrage offrant de bons moments, avec un avantage du texte court : multiplier le plaisir.
Roman prémonitoire qui date déjà de vingt ans. Y est contée l’ascension puis la solitude d’un dictateur d’une lignée où l’on se succède assez vite par coups d’état militaires, comme dans la patrie de l’auteur algérien. Celui-ci mourut réfugié en France, assez jeune. Prémonition encore que le temps si court dans ce roman ? Je n’ai pas toujours été emballé par l’écriture, description de mécanismes d’oppression systématique jusqu’à la fantasmagorie. Moins emballé, en tout cas, que dans Le Fleuve détourné. Mais cette écriture hallucinée peut captiver le lecteur dans un tableau de la folie d’un héros ambitieux : « Notre armée n’est pas destinée à se battre contre une autre armée. Les maréchalissimes qui dirigent les pays voisins ont la même conception que la mienne. » Force du simple constat. « … rien de plus immonde que le pouvoir. C’est la perversité absolue, le mal intégral, la vilenie pure, l’horreur au quotidien, la pire des calamités. » Aussi la prise de position. Et même prédiction : « Qui peut prédire ce que nous réservera demain ? Tout change. Des armées réputées invincibles se retrouvent défaites par une poignée d’amateurs barbus mais obstinés. […] Les régimes connus pour être les plus stables se font balayer en quelques heures. » Pourtant, limiter le livre à cela serait n’en lire que la surface. Car il y a la 3è D : le drame du protagoniste envers celle qu’il aime, la condition de l’homme tout puissant sauf face à la femme. Regard assez perçant au sud de la mer pour passer outre la condition féminine locale et atteindre à une tendance universelle : « Dans les yeux d’un homme, une femme n’y cherche que son reflet. » Et retrouver la grande culture amoureuse héritée de l’érotique arabe et troubadouresque : la Dame peut être visée suprême : « Cette fille représentait pour moi un don du ciel qui cumulait toutes les revanches ». À noter toutefois qu’il s’agit ici d’une top model à la fois intellectuelle… et calquée sur les modèles européens ! Mimouni fut de la génération ayant précédé celle des auteurs algériens actuels, si nombreux, si talentueux et si reconnus en France. Il fut aussi l’un des écrivains des plus primés. Curieuse algérophilie sous l’algérophobie hexagonale ! La fin du livre évoque l’art de fomenter un vote « démocratique » élisant le dictateur successeur…
Ce livre édité en Algérie, œuvre d’un poète algérien, Secrétaire général du Haut commissariat à l’Amazighité (berbérité), est intitulé « roman ». Je l’ai lu plutôt comme une série de scénettes de la vie algérienne actuelle, écrites avec tendresse et acidité à la fois, non sans profondeur: « Quel est donc ce peuple qui ne chante plus son pays ? » « … il y a bien trente six millions de frères et de sœurs. Voilà donc une nation bâtie sur un immémorial inceste. Si c’est le cas, je comprends le côté mongolien de l’Algérie. Il y aurait donc le phénomène de consanguinité qui nous mine tous et toutes. » Il est question des tares et trésors de cette société où des personnages survivent dans la débrouille et le désespoir, non sans amour, même s’il est parfois triste : « l’amour se fait comme si on a honte et dans l’utérus de nos femmes se perpétuent nos fatigues de la journée.» Un des personnages finira par mettre à exécution son rêve de « brûler » la mer, mais, « harraga » plutôt dorés, au lieu de s’embarquer sur un frêle esquif, il partira en avion à Paris. Une face de l’Algérie que nous sommes loin de deviner de ce côté-ci du Grand fleuve. Non plus l’image d’Épinal d’un pays terrorisé, encore moins celle d’une terre écrasée d’islamisme. On y découvre même l’existence d’une « fleur du mal », une fille sortie d’un catalogue de mode, exerçant une charge élevée dans l’administration et renversant la domination masculine. Un bon livre à lire si l’on tâche de se le procurer…
J’avais beaucoup aimé Ultime tercio à Salamanque* de cet auteur qui venait de découvrir ses origines espagnoles et en fit un roman de règlements de compte et d’amour… et de mémoire recouvrée dans une région d’Espagne bien « propre », nettoyée de tout souvenir gênant. J’ai acheté à Franck le titre ci-dessus (car j’achète les livres de mes pairs ! ), roman pour enfants que je destine à mon petit fils. Je viens de le lire, avec la bonne surprise d’y trouver non pas une « littérature » rabaissée au niveau enfantin comme il en est trop souvent, mais de la littérature tout court. Bien ficelée, l’intrigue donnera aux jeunes l’envie de suivre les deux héros sur les traces d’un trésor convoité par des malandrins. Bien documentée, l’histoire apprendra des tas de choses sur l’Histoire. Bien didactique (les termes difficiles sont expliqués en notes), le propos devrait être suivi sans peine par des jeunes de l’âge d’Alex et Alioune (en 6è de collège). Bien écrit, par-dessus le marché :
« C’est si rare que la mer se taise, retienne ses vagues pour se faire miroir d’un ciel chargé. Alex se sent comme dans l’œil d’un cyclone […] (note en bas de page : « L’œil du cyclone est la zone de calme qui se trouve en son centre »).
Les noms de famille des protagonistes (Sagakis et M’Bangue) et leur lieu de vie (Port-de-Bouc) ajoutent une touche de réalisme sympathique et non xénophobe. Je compte bien que mon petit-fils sera passionné et je vous conseille d’acheter aussi ce petit livre à vos enfants ou petits enfants pour une lecture de vacances.
* Ed. Mare nostrum.