Certains auteurs toulousains peuvent regretter ne pas compter parmi les signataires des 17 textes de ce recueil de nouvelles auquel j’ai moi-même participé. C’est néanmoins une fine fleur des écrivains du cru contant des aventures qui se déroulent vers Toulouse, que nous propose l’éditeur spécialiste de textes courts. Sans pouvoir les chroniquer tous ici, je les ai tous appréciés pour leurs genres et qualités divers. Julien Campredon livre une histoire de merde de chat, abracadabrante comme toujours, mais riche d’une absurdité pleine du sens du rêve et aussi de la polémique, poussant l’originalité jusqu’à évoquer avec ironie Jean Boudou que plus personne n’évoque (sinon quelques occitanistes) sauf lui et moi. Mouloud Akkouche égrène, dans une juxtaposition par-delà le temps et l’espace, une forte aventure de voix entendues par une femme, pas par hasard du tout car se révèlent ainsi ses inconnues origines maghrébines. Frédérique Martin tisse le récit d’une femme en famille, situation banale à pleurer sauf qu’elle arrive à en mourir sans crier gare. Alain Leygonie conte l’histoire d’une île (d’Utopie ?) qui serait la seule à ne pas avoir adhéré à l’Europe mondiale standardisante, fable de philosophe bien utile aujourd’hui où tous risquent de perdre toute originalité. Jan Thirion, spécialiste du noir intense, nous sert ici un morceau à peine gris foncé où un homme se laisse tenter par un sac plein de fric mais… Alain Monnier tisse une histoire de monsieur obligeant laissant son tour à une dame dans une file, où l’action apparente en cache une autre plus dramatique, comme souvent chez cet auteur. Michel Baglin raconte une aventure de jeune perdu, une de plus dans ce genre chez lui, où ce poète si profond se risque à écrire comme parle son héros et où transparaît pourtant l’errance et l’ouverture de l’auteur arrivé en apparence et toujours en balade cependant. Hélène Duffau écrit une histoire de femme qui rencontre, entre autres, une SDF que j’ai croisée moi-même dans sa situation si frappante, campant sur le pont de chemin de fer ; elle l’imagine auteur bientôt éditée : « Mais peut-on vivre d’un seul livre ? » Réflexion qui résume presque le destin de tous ces auteurs de talent relégués pourtant loin des salons littéraires parisiens. Raison de plus pour aller vers eux en vous jetant dans la lecture de ce joli recueil.