On trouve déjà Michel Cosem dans l’anthologie bilingue : La Poésie occitane, signée de René Nelli chez Seghers en 1972. Cosem y marquait sa patte en écrivant : « la liberté giscle des lézardes ». À côté de son activité d’éditeur de poésie, Michel est auteur de contes, de récits pour enfants, de romans et aussi d’un nombre considérable de recueils de poèmes. Certains sont publiés dans diverses collections d’ « Encres vives », sa revue, la plus ancienne revue de poésie française existant toujours. Dans ce recueil, un ensemble de pièces issues de différents carnets, la montagne, « cette montagne qui est un monde », tient le premier rôle comme souvent dans son œuvre imprégné d’amour et de connaissance des Pyrénées. Pas de vision idyllique pourtant : « Telle est la loi de la montagne / Elle chante c’est vrai / mais aussi pour tuer ». L’homme y voit loin, sans clore les yeux vers le jadis ni le naguère : « les troupes d’Abd El Malik le grand razzieur sont passées par ici ». Avec des notes sensibles : « l’eau lourde de l’abreuvoir », « Et des cheminées montent de petits poèmes bleus ». « La montagne comme une danse au loin » est dite avec tant de conviction et d’authenticité. Originalité que cette voix et ce sujet, « La montagne évanescente, blanche, brumeuse, si loin de tout », au jour où il est de bon ton de feindre s’émouvoir de grandes et minuscules, voire navrantes tribulations mondaines et ancillaires. Un ami me disait encore récemment que, pour une reconnaissance médiatique, il fallait écrire si possible comme une traduction de l’américain. Lisez ce contre exemple ! Respiration des vallées et des cimes en musique de l’âme.