Il est tant de romans publiés que l’on ne s’attend plus guère à un météore bouleversant la navrante masse des livres plus ou moins banalement et éruptivement égotiques. C’est le cas avec ce roman dont l’écriture saisit d’emblée par son obstinée progression vers on ne sait quoi et pourtant que l’on ressent très fort. Ce rythme lancinant, irritant parfois, toujours prenant, conduit en très longues phrases de parfois plusieurs pages, dans l’histoire d’un homme descendant d’italien venu de la montagne, une vie partagée entre un labeur d’ouvrier des salins, sa passion de la peinture et son amour de sa compagne. Le tout est conté en une écriture étrange, très réflexive comme universitaire, laquelle m’évoque le nouveau roman (60 ans après…) et à la fois hyper sensible. Le meilleur hommage est de lire : « partir à la recherche du soleil, comme des conquistadors pauvres et un peu fous, des conquistadors paysans armés de leurs pelles »… « il désire à nouveau vivre ou mieux encore vivre à tout jamais dans Aimée- de laquelle pourtant il sera bientôt exclu après avoir explosé »… « Alors, il devint ouvrier salinier […] il contrariait les projets qu’avait jadis élaboré l’ancêtre, à savoir ce désir de voir chaque génération améliorer la lignée en gravissant un échelon de l’échelle sociale »… « lui-même ne se sentant vivant qu’au contact d’Aimée, dans les bras d’Aimée. »