Lire : de Jean-Pierre SIMEON Avenirs, NRF Gallimard éditeur.
Je connais Jean-Pierre depuis longtemps à Clermont-Ferrand où j’avais aussi connu son père Roger Siméon, poète reconnu et discret. On ne présente pas sa biographie relative à la poésie, laquelle est connue surtout pour la création de la semaine de la poésie à Clermont-Ferrand et la direction artistique du Printemps des poètes. C’est avec joie que je viens de le revoir à Toulouse où il fut accueilli par l’Académie des jeux floraux et où il présenta son dernier ouvrage à la renommée librairie « Ombres blanches ». Sans surprise, l’auteur donne ici un regard de conscience : « Nous avons compris que la terre, l’humanité qui habite le monde qu’elle a créé ont le destin de chacun d’entre nous : ils sont voués à la disparition. » Quelle lucidité et quel rappel aujourd’hui ! Toute manœuvre, tout combat, fussent-ils méritants sont dérisoires si l’on néglige cela. Heureusement, il y a la poésie. « il y a toujours devant nous au moins deux avenirs : le renoncement ou le courage de l’impossible. Cette sorte de courage dont la poésie est l’essai et l’éloge. » La poésie ne sert pas à enjoliver la vie mais à la justifier. C’est ce à quoi s’évertue ce recueil de textes. Et c’est souvent réussi : « Avec de la paille et du silence / avec des baisers au bord de l’abîme / Avec les confidences des pierres sauvages / qui ont mémoire des sommets / Nous bâtirons à la diable un monde nouveau / Par incantation pourquoi pas ? » Conscient que « le monde avance comme un forcené – hors de sens – » il veut qu’on aille ailleurs « là où la pensée n’est pas un ballon gonflable qui monte d’autant plus haut qu’il est vide, là où le désir n’est pas un pet de prince. » Pas question de fuir le quotidien, il faut bien survivre. Mais aujourd’hui où l’on se peut croire en absurdie, en tout cas en une jungle barbare, je vous souhaite de partir avec le poète. Ne serait-ce que le temps de la lecture.