MALTE Marcus, Aires, roman, Editions Zulma :

Un roman dit « choral » où les personnages s’expriment en dialogues ou monologues souvent intérieurs, découpé en séquences introduites par des références de voitures et entrecoupées par des extraits d’informations diffusées, cela peut sembler rébarbatif mais ne l’est pas. Car ces séquences de vies sont si vraies, si émouvantes qu’on se laisse prendre au jeu, si l’on peut dire d’échanges d’un couple finissant, d’un homme esseulé, d’un tueur-violeur, d’une investisseuse de grande famille avec un habile loustic, d’une jeune personne touchée par la foi, etc. L’écriture est volontairement hachée, comme essoufflée en fin de course et je regrette l’écriture de certaines nouvelles si brillantes même dans la douleur. L’ami Marcus n’est guère optimiste en tissant cette toile en laquelle sont contés des destins qui roulent vers leur fin. Camion et caravane ainsi que des autos qui, au terme d’une vie et dans l’immédiat au bout d’un circuit autoroutier, s’achèvent en accident terrible. C’était évidemment prévu par l’écrivain mais cette parabole évoque aussi à une humanité prédestinée à la fin. « Ils sont piégés. Et ils ne sont pas seuls. Des milliers de congénères les entourent, roulent avec eux, roulent vite, roulent fort, roulent sale, métal hurlant, ils ont des particules jusque sous leurs ongles, du monoxyde jusque dans leurs chromosomes, ils sont condamnés… » L’éditeur prétend que l’auteur fait ici preuve d’humour mais cela m’a échappé. C’est plutôt un regard éperdu sur un monde en désordre et en péril qu’il nous donne à lire. Bonne lecture si vous pouvez goûter l’art même dans la désespérance !