Une fois n’est pas coutume, j’évoque un disque… de poésie, sonore s’il vous plaît, non seulement faite pour être dite mais n’existant en fait que par la diction. Car la partition livrée avec n’évoque guère mieux les sons que toute musique écrite. Alors qu’il accomplit des performances depuis des années, au centre Georges Pompidou et bien ailleurs, j’ai rencontré ce jeune homme en l’écoutant dans la cave de la librairie « Le Grand Selve » à Grenade (France) à l’occasion du printemps des poètes en 2012 où je me produisais moi-même, accompagné du pianiste Alain Bréheret. J’avoue une envie à l’égard du poète spontané d’apparence, de la part du travailleur de lettres ayant transpiré des années au fil de milliers de pages pour écrire ses propres livres, doublée du bonheur insigne de rencontrer enfin un « lettriste », un peu « dada » contemporain. Cela me remémore mon père qui fut secrétaire de Tristan Tzara à Toulouse à la Libération, mais encore certaine séance homérique au club de poésie animé pour la génération suivante (années soixante) par Michel Cosem à l’Aget, association des étudiants de la même ville soi-disant rose et volontiers surréaliste. Voici des échantillons du poème intitulé R : « errer errer errer errer » [ter] « errare errare errare errare » [ter] et encore « errance errance errance errance » [ter]… Mais cela ne donne qu’une vague idée… du bruit et du spectacle qu’il faut goûter devant Sébastien en scène. « On gonfle les mots ils gonflent leur peau de mots autour de nos souffles ils me regonflent quand j’expire on ne se dégonfle pas je continue la pression mes doigts crissent le long de la peau plastique ils sont gonflés à bloc parfois les mots me gonflent parfois les mots nous crèvent parfois les mots éclatent. » Que dire d’une telle poésie, sinon qu’il faut l’écouter, sur internet ou bien sur le disque ?
On peut le commander : seblesp@voila.fr Et mieux encore, si par chance on le peut, il faut l’écouter-voir.