Ce recueil de poésie est publié avec le soutien de l’ONDA (Office national des droits d’auteurs et droits voisins). Il s’ouvre sur une citation de Pasolini et se referme sur un long poème en référence à Rimbaud. Tout un programme que des mots pesés et chargés pourraient bien accomplir dans un ouvrage posé aussi à l’ombre de la grande culture d’Al Andalous. Une bonne part du livre est écrite en vers d’une concision extrême où notes vues s’entremêlent aux mots nus. J’y ressens la couleur du sud mais davantage la métaphysique. L’auteur excelle à chanter l’amour de la femme et surtout la douleur de l’aimer : « Je crois la vie injuste à me donner à toi en amour rejeton. » Le dernier texte : « A chacun  sa révolution », a paru d’abord dans J’ai embrassé l’aube d’été, sur les pas d’Arthur Rimbaud chez La Passe du vent. On passe alors au lyrisme, presque à l’épique, pour coller au tarissement du temps : « Leurs villes sont prisons/à la sclérose des fontaines » et surtout à une conscience exacerbée que l’écrivaine veut transmise de Rimbaud en répétant le titre : « Rimbaud m’a dit/A chacun  sa révolution ». Samira est une jeune femme qui déjà possède une expérience du monde puisque elle est également médecin, et fut aussi éditée en France et stagiaire dans le lyonnais pour l’association culturelle et éditoriale Pandora, tandis qu’elle organise des manifestations de poésie à Alger. Tout poète se reconnaîtra en ses mots :
« Rimbaud m’a dit/N’est pas belle la poésie/elle n’est pas toile de salons/les oreilles étroites/la laisseront s’échapper/dans les égouts obscurs/ n’est pas belle la poésie/qui s’arrache de nos chairs. »