L’idée de la mort est aujourd’hui souvent évacuée. Mais on ne peut évidemment se soustraire à penser, surtout quand se dessine l’orée de la vieillesse ! C’est ce qui arrive à Quiniou, ex-prof de classes prépa., qui s’interroge sur la mort, comme il se doit en philosophe et aussi en humain lucide. Et voici qu’il nous offre à la fin un récit : De la mort à la beauté, dans lequel il décrit l’expérience personnelle qu’il a faite de l’art en Italie : celle d’un sentiment d’éternité faisant échapper à la mort. Cette idée – fort séduisante et que je partage – revient d’ailleurs dans son étude : « certes, nous mourrons et ne sommes pas éternels ; mais il est certain que, toujours, nous aurons été et il y a là une forme réelle d’éternité… » Qui ne s’est consolé, à défaut de croire en une vie future d’ordre religieux, à l’idée que lui survivra la mémoire de sa personne et aussi qu’il laissera ses réalisations ? A Sienne comme à Rome, Yvon éprouve une impression plus forte encore, celle de l’œuvre qui impose une chose non éphémère à l’homme rendu muet d’émotion : « devant ce lieu (la place Navona) […] j’oubliais tout […] projeté dans l’éternité d’un instant qui ne passe pas, j’étais immortel. ». Montaigne, Chateaubriand, Stendhal et bien d’autres ont décrit ce genre de moments précieux éprouvés notamment en voyage, parfois en éprouvant au contraire un sentiments de notre propre finitude. C’est le bonheur de la vie au monde, quelles qu’en soient les turpitudes, que de ne pas nous laisser bredouilles. Pour qui aime la philo, ou au moins la conscience…