J’ai lu cette brochure avec curiosité et très vite, avec ravissement de rassasier une faim de sens et de me rassurer quelque peu. Non, je ne suis pas atteint de sénilité à ressentir un naufrage culturel. Non, les difficultés à publier, à créer en conséquence, ne sont pas personnelles, c’est un mal du siècle. Il est de petits livres qui ne viennent pas « à pas de colombe », comme Heidegger disait des idées. Regourd a d’autres références : Adorno, Arent, Gramsci… son texte étant plutôt un salutaire coup de sonnette dans l’incessant concert où se noie tout chant qui n’est pas à l’unisson médiatique. Au diable les discours serinés par des présentateurs qui n’osent même plus se dire journalistes, voyons les choses en face. « Le divertissement substitué au débat public est aussi au cœur de la crise actuelle, mettant conjointement en cause la santé démocratique de la société. » Et tout ceci n’est point hasard. « Ne pouvant alors parvenir à rendre le culturel réellement populaire, l’on fit en sorte que le populaire devînt culturel. » Vues en perspective, les décennies après la Résistance firent de la politique culturelle et de la culture politique, avec les grands noms comme Picasso et Aragon et même, sous Malraux, à la télévision les Lorenzi, Bluwal, Failevic et j’en passe… À se demander comment certains réalisateurs de séries contemporains osent se dire tels. Et à se rappeler que « le modèle culturel français, ses modalités d’organisation, de financement, ont été conçus sur la base des principes et des valeurs du service public ». Et de me souvenir qu’il n’y aurait pas eu les grandes tragédies et comédies antiques grecques sans le patronage de la cité. Lisez ce petit livre, c’est un bol de santé en ce temps de pandémie !