En quête de nouvelles de qualité, j’ai entamé ce livre que m’a proposé ma compagne, sachant qu’un des textes (celui qui vaut le titre du recueil) a donné un très joli film primé au festival Cinespaña à Toulouse : une histoire d’instituteur espagnol républicain adulé par les voisins et puis, lors du coup d’état franquiste, voué aux gémonies par les mêmes… Ces nouvelles, parfois très brèves et d’autres plus développées, ont souvent l’attrait de l’étrange mêlé au réalisme dans un art très propre à l’auteur. Un enfant mange le pain de ses frères dans la famine… Un garçon se fait ventriloque pour l’amour d’une fille insolite… L’émigré en Suisse chante en sa langue : « Meus amores ». Les tableaux de vies populaires et aussi d’aventures lointaines se côtoient. Les références au français comme à la culture locale galicienne colorent et honorent cet esprit cultivé sans complexe. Il est rare de lire quelque chose d’aussi respectueux des gens, ici petits individus d’une part si excentrée de l’Espagne et si tournée vers l’ailleurs : la Galice. Avec la probabilité d’une excellente traduction, comme souvent pour les auteurs espagnols publiés en français, quelle écriture ! « La peur était un rat qui me rongeait les entrailles…. le vent raclait comme une brosse métallique… elle (la chanson) sortait du fond de ses tripes comme un hymne patriotique nourri par le dîner de patates noircies au fond de sa baraque d’émigré ». Et c’est l’amour qui court comme un fil rose tout au long du livre : « Elle m’avait attiré avec la seule force de son regard. Elle avait un arc-en-ciel au fond de ses yeux. » Belle lecture à vous aussi !