Le week-end dernier, moins d’un électeur sur trois est allé voter aux élections régionales et départementales. Les jeunes en particulier ont boudé les urnes ; un peu moins de 2 jeunes sur 10 se sont rendus au bureau de vote. Pardon pour le calcul au niveau de l’école primaire : c’est à dire un sur cinq !
La nuit de samedi dernier, les rues de Toulouse étaient animées comme en plein jour, plus même quant aux piétons et surtout aux terrasses emplies de cris et de chants. Difficile de dire ce qui est dû à la finale de rugby et ce qui l’est au dé-confinement, mais voici qui appelle au moins une remarque : les jeunes ne votent guère pour les uns ou les autres et plébiscitent la vie dans la rue, notamment la vie nocturne, quoi que la promiscuité puisse représenter comme risque.
Et voici qui rappelle – à peine exagérément – certain livre de Joseph Delteil (c’est son La Fayette édité par les Cahiers rouges chez Grasset) où les aristocrates emprisonnés sous la Révolution, s’abandonnent entre eux à un délire de mœurs et de pensées au parfum de fin du monde. Et la fin du couvre-feu rappelle aussi celle du couvre-feu à la Libération de Toulouse en août 44 ! La liberté retrouvée (reconquise alors et octroyée aujourd’hui, ce qui est différent) on peut enfin se baguenauder un peu partout, sur les terrasses, sur les quais et même, de préférence par la chaleur, sur les embarcadères longeant la Garonne.
Nul doute que ces nuits les plus courtes de l’année seront encore mises à profit pour se réjouir, boire, chanter et danser dans les espaces qui s’y prêtent en la ville. Si l’on parle des nuits blanches de Saint-Petersbourg, on causera aussi de celles de Toulouse-la-rose, la dite insouciance de la jeunesse devant l’aider à mépriser le risque de contamination, d’autant que celui-ci est maintenant réputé mineur au dehors.
Bientôt, (selon la situation sanitaire locale et les dispositions officielles) ce sera également la fin des limites de jauge dans les lieux recevant du public et – outre que les événements culturels et artistiques revivent, il sera possible de participer à une initiative rassemblant plus de 1 000 personnes en extérieur et en intérieur (avec le pass sanitaire).
On se doute que le 14 juillet verra aussi se masser le long des quais la foule heureuse de fêter cette date en s’ébaubissant sur la belle bleue et la belle rouge, et en même temps de faire la nique à ces temps de confinement qui contaminèrent probablement plus que le virus une société profondément atteinte par des maux dont le covid n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Pour le sourire, nombreux sont ceux qui envisagent de s’échapper en vacances partout en France, voire à l’étranger quand les dispositions le permettent. Voici qui est à double sens, remettant aussi en mémoire – laquelle est décidément toujours-là – le précepte du professeur Augier-Ferrier, médecin particulier de la reine Catherine de Médicis, qui résida et enseigna aussi à Toulouse. En cas de peste : « Le plus souverain remède c’est se retirer bien tost du lieu infecté, et s’en aller loing et revenir plus tard ».
Et voici qui nous laisse aussi pensifs. Les jeunes et les autres éprouvent donc un fort désir de vivre, lequel ne passerait plus maintenant par le vote démocratique ? Et par où faudrait-il donc passer, si dans l’arène sociale et géographique menace la grande navrance d’un retour à la jungle sur une planète grillée ?
Victor Hugo déclarait : « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. » On pourrait parodier cet esprit conscient et prescient, en disant aussi que : C’est une triste chose de songer que la société parle et que le genre humain n’écoute pas !
Que faire devant l’ascension de prestidigitateurs criminels de l’extrême droite ? Rappel : siègent à l’extrême droite les partisans de la réaction, soit d’un retour à l’Ancien régime féodal… Et que faire quand nulle force restant en lice ne propose de construire un autre monde que le marais où nous sommes enlisés ? Que faire entre la peste et le choléra ?
Dans la tempête, certains se raccrochent aux haubans tandis que d’autres sautent à la mer. Ma petite-fille assurait un jour : « Le droit de vote a été dur à conquérir. Il ne faut pas le lâcher ! » Alors, plutôt qu’aller à la pêche, reste une solution à la fois digne et honnête : en rejet de bulletin noir et en l’absence de bulletin rouge, c’est le bulletin blanc.