Il est des livres pour lesquels sonnent les trompettes de la renommée et qu’on oublie sitôt la dernière page tournée. Celui-ci est autre. J’eus le plaisir de présenter l’auteur à un café littéraire des « Gourmets de lettres » à Toulouse. Plaisir sincère car je respecte qui recherche et écrit sur un autre temps, exercice difficile du « roman historique », rarement réussi car rarement authentique, sinon lorsqu’il est pratiqué par de très grands comme Hugo ou Flaubert. L’héroïne, Veronica Franco, courtisane à Venise, fut au cœur de la vie amoureuse, intellectuelle et artistique de son temps (le 16ème siècle, dit 15ème en Italie). La documentation est sérieuse et surtout la compréhension du temps et de la société est profonde. Sans oublier l’entente de ce que put être une telle femme, à la fois libérée avant l’heure et mondaine et aussi critique, voire combattante pour les droits de femmes en difficulté. Car elle était également poétesse et musicienne. Michèle possède aussi plusieurs cordes, peinture et cinéma entre autres, la littérature semblant toutefois son point constant depuis qu’elle publia de la poésie dans sa jeunesse. C’est conté à la première personne. « J’ai suivi cet itinéraire qui se confondait avec celui de mon héroïne. Peu à peu nos voix se sont juxtaposées ; elle a emprunté ma langue, j’ai parlé avec ses mots. » L’écriture témoigne de maîtrise et de passion, sans quoi il est vain de tenter d’écrire. « j’avais baissé la garde ; l’amour était entré en moi comme un orage et y avait tout dévasté. » Elle n’est évidemment pas exempte de féminisme et de fierté : « Car à ceux qui ont tout l’honneur n’exige-t-il pas de montrer un visage de souveraine ? » Sans oublier, évidemment, la teinte érotique : « Il exigeait que je les chausse après m’être dévêtue : cela le mettait dans une fureur amoureuse extrême, leur taille élevée m’obligeant à un déhanchement qui l’émouvait au plus haut point. » Lisez, c’est un élixir paradoxalement rafraîchissant en plein été !