Un exergue de Ferlinghetti, poète et éditeur de la beat generation newyorkaise était pour moi un bon passeport. Le contenu de cette brochure tient cette promesse. Ce sont des textes déjà publiés en revues, poésie de la ville dite avec amour mais sans flatterie. « Mille cohabitations de solitudes ». Maintes villes, Paris, Barcelone, New York… saisies en clichés, par bribes, par éclats, éclats de rire, même : « des sino-américaines se la pètent / en bande cucu au parc Guëll / Elles ont des chapeaux roses dégoutants / et des petites fesses ». « Les communards prennent les trains de banlieue », « La ville appartient aux enfants sauvages ». Depuis Lorca on sait New York aussi ville de poème. « A NY, j’ai entendu les voix des poètes le long de Bowery me courir après à n’importe quelle heure. » Une autre brochure est aussi belle et plus personnelle, intitulée « L’Equilibre est précaire » : « Ta langue cicatricielle lèche ma langue de mots… » Où est passée la poésie en France ? Pas sur les ondes officielles, en tout cas ! Fermons radio et télé et lisons… « le chant frotté des mains, poignant des chairs » qui conclut : « Il y a tant de révolutions à faire ». À petites et fortes doses, la poésie soigne du tapis de bombes médiatiques.
*Chez Marc Tison : mc.tison@orange.fr