Ce huitième roman de la série des Rougon-Macquart, parut entre deux des œuvres les plus fortes et les plus célèbres de Zola, L’Assommoir et Nana. Il est pourtant d’un registre fort différent. J’ai découvert un Zola fin psychologue de la femme et assez moraliste. Car une aventure extra conjugale passionnelle se solde par la mort d’un enfant… L’auteur de Germinal ne fait pas dans la dentelle. Mais il est fascinant de suivre les pensées et émois d’une femme du XIXè siècle, comme si on y était. Au milieu de la prison sociale, l’héroïne Hélène est un monde de pensées et de passions… un être au plein sens. Alentour la belle société des épouses futiles et égoïstes de bourgeois est brocardée ; mais le personnage le plus ridicule et antipathique est un séducteur d’opérette. Hé oui, n’en déplaise à certaines, les hommes, surtout écrivains, ne sont pas toujours machistes ! Et puis, comme toujours, l’écriture de Zola, c’est quelque chose. Flaubert en personne lui écrivit son admiration pour ce roman : « La double scène du rendez-vous est SUBLIME. Je maintiens le mot ». Je ressens comme lui l’insistance mais aussi la beauté des tableaux urbains qui font penser à un peintre s’acharnant à saisir par les teintes l’âme d’une ville : « Ce matin-là, Paris mettait une paresse souriante à s’éveiller. Une vapeur, qui suivait la vallée de la scène, avait noyé les deux rives. C’était une buée légère, comme laiteuse, que le soleil peu à peu grandi éclairait. » Pour finir, ce livre bien mélancolique garde à mes yeux le pouvoir d’exprimer la force vitale de l’amour : « Oh ! disparaître dans une étreinte, vivre en une minute tout ce qu’elle n’avait pas vécu ! » Bonne lecture de vacances.